Des chercheurs ont identifié le coupable.
Tristesse permanente, hypersomnie, boulimie. La dépression saisonnière fait son retour avec l’automne. Des chercheurs ont enfin compris son origine dans le cerveau.
Elle fait son retour chaque automne. La dépression saisonnière, ou trouble affectif saisonnier, est associée au manque de lumière. Des chercheurs danois ont compris le mécanisme à l’œuvre dans le cerveau. Les résultats de leurs travaux ont été présentés au Congrès du Collège Européen de Neuro-psycho-pharmacologie (ESC) à Berlin (Allemagne).
Trouver le « bouton » dans le cerveau
Le « blues hivernal » touche jusqu’à une personne sur six dans les pays d’Europe du Nord. Nus sommes moins nombreux en France, mais ce trouble mental reste un fléau pour certains. Car chaque fin d’année, c’est la même histoire : tristesse permanente, irritabilité, hypersomnie et boulimie. La dépression saisonnière est bien connue, son mécanisme l’était moins.
« Nous pensons avoir trouvé le bouton que le cerveau allume quand il doit ajuster la sérotonine aux changements saisonniers », résume Brenda Mc Mahon, qui a dirigé les recherches. Dans le trouble affectif saisonnier comme dans la dépression classique, c’est en effet la sérotonine qui est en cause. C’est plus précisément la façon dont le corps régule ce neurotransmetteur, qui affecte l’humeur, qui est perturbée.
Symptômes
Pour le caractériser, il faut d'abord réunir les symptômes d'un épisode dépressif classique :
- absence de motivation,
- difficulté de concentration,
- passivité,
- mélancolie
- sentiment de fatigue
Pensées suicidaires dans les cas les plus prononcés
Ces symptômes doivent durer plusieurs jours par semaine pendant deux ou trois semaines pour que l'on puisse vraiment parler d'épisode dépressif.
Sommeil, appétit, rythme
La dépression saisonnière se reconnaît à plusieurs particularités. Les personnes atteintes ont tendance à trop dormir (hypersomnie) et à trop manger (hyperphagie), surtout des sucreries.
Souvent aussi (mais pas systématiquement), la mélancolie atteint son pic en soirée, alors que la tristesse est surtout matinale dans les autres types de dépression.
Enfin, les dépressifs saisonniers retrouvent une humeur stable à partir du printemps et durant tout l'été.
Si les symptômes persistent au cours de cette période, nous sommes en présence d'un épisode dépressif majeur.
Physiologie du trouble saisonnier
On trouve probablement un facteur héréditaire dans ce désordre saisonnier, car le mal court souvent dans les familles.
Du point de vue physiologique, les chercheurs ont repéré deux phénomènes associés à la dépression : des variations importantes dans la sécrétion de la mélatonine, une hormone dépendant de notre exposition à la lumière solaire ; une baisse d'activité du système sérotoninergique (un neurotransmetteur de notre cerveau).
Le premier symptôme explique le caractère saisonnier du trouble : il dépendrait directement de la chute de luminosité de la période hivernale.
La prévention de la dépression saisonnière
Pourquoi prévenir ?
Pour réduire els symptômes désagréables de la dépression saisonnière.
Pour avoir plus d’énergie et une meilleure humeur durant les mois où les heures d’ensoleillements sont à leur plus bas.
Mesures préventives
Bain de lumière naturelle :
Prendre l’air au moins 1 heure par jour et un peu plus longtemps les jours gris, même durant l’hiver. L’éclairage d’intérieur reproduit très mal le spectre lumineux du soleil et est donc loin d’être aussi bénéfique que la lumière extérieure.
Laisser pénétrer le maximum de lumière solaire à l’intérieur de sa demeure. Dans la mesure du possible, les pièces doivent avoir une bonne fenestration. Des murs de couleurs pâles augmentent à coup sûr la luminosité d’une pièce. On peut aussi placer quelques miroirs à des endroits stratégiques.
Exercice physique :
S’il est pratiqué à l’extérieur, à la lumière du jour, l’exercice physique aide à prévenir la dépression saisonnière. La pratique de sport d’hiver ajoute aussi une note de plaisir.
Luminothérapie :
La luminothérapie est une forme de photothérapie (thérapie qui utilise la lumière) qui consiste tout simplement à s'exposer quotidiennement, à heure fixe, à une lumière blanche de forte intensité.
On recommande de s’exposer 30 minutes par jour à une lampe dont l’intensité lumineuse est de 10 000 lux3. Il est suggéré de débuter graduellement avec des séances de 10 à 15 minutes par jour. De plus, il est recommandé de faire le traitement le matin plutôt que le soir.
Pour le traitement des enfants et des adolescents, la durée doit être moindre, c’est-à-dire environ de 15 à 20 minutes par séance.
En général, un soulagement des symptômes se fait sentir après 2 à 4 jours de luminothérapie, mais 4 semaines d’utilisation sont habituellement nécessaires avant d’observer une nette amélioration et des changements biologiques mesurables.
Idéalement, le traitement débute dès septembre ou octobre et se poursuit jusqu’au printemps. Certaines personnes peuvent également en ressentir le besoin en été s’il fait gris plusieurs jours d’affilée5. Les individus les plus atteints peuvent ressentir un retour des symptômes seulement après 2 ou 3 jours d’arrêt du traitement. Ainsi, il est préférable de diminuer son exposition graduellement.
Autres mesures préventives
Consommation de poisson
Chez les Islandais, on observe peu de dépression saisonnière comparativement à d’autres peuples nordiques. Certains chercheurs attribuent ce phénomène à leur consommation élevée de poisson et de fruit de mer. Ceux-ci sont riches en acides gras oméga-3, des nutriments qui semblent contrer la dépression. Certains facteurs liés aux gènes contribueraient également à tenir les Islandais plus éloignés de cette forme de dépression. Il s’agit encore d’hypothèses. A l’heure actuelle, on ignore l’effet que peut avoir la consommation d’omég-3 sur les symptômes de la dépression saisonnière.
Les TCC (thérapies cognitives et comportementales) :
Les TCC sont une forme de psychothérapie par la parole déjà utilisée pour traiter les dépressions classiques (mais beaucoup d’autres troubles aussi). Cette méthode incite notamment à programmer des activités agréables, chasser les pensées négatives et changer de comportement pendant l'hiver. Les TCC, seules ou associées à la luminothérapie, se sont révélées efficaces pour soigner la dépression saisonnière.
Positiver:Pas toujours facile de voir la vie en rose (ou en bleu azur ensoleillé) quand on croule sous les contraintes de la vie. Le stress est présent, on a des fois du mal à bien le gérer. Ce n’est pas une raison d’empirer les choses. Respirez en amenant à vous une image positive, agréable. Pensez aux prochaines vacances ensoleillées par exemple. Le mauvais temps échappe à notre contrôle, apprenons à l’accepter et à en tirer profit.
Marcher:Profiter de l’arrêt de la pluie pour longer la rue marchande à grande enjambée ou faire le tour du pâté de maisons à grande enjambées, en respirant à pleins poumons l’air frais (voire froid). Sentez le passage de l’air dans vos narines, vers vos poumons. Pensez à au thé-cannelle que vous allez vous préparer en rentrant.
Nager:pourquoi ne pas profiter du ciel gris pour une bonne heure de natation dans l’eau chauffée de la piscine à laquelle vous êtes abonnées. Nager à votre rythme (il n’est pas question de battre le record du monde des 400 mètres 4 nages). Sentez votre corps glisser dans l’eau. Terminer par un quart d’heure d’étirements dans l’eau. On se sent plus légère après.
Chouchoutez-vous:Offrez-vous des moments de détente-beauté, à l’institut ou chez vous. Un gommage dynamisant, un masque énergisant et pourquoi ne pas remplacer son hydratant habituel par un soin autobronzant.
L’alimentation :
Notre alimentation présente des carences en quelques matières chimiques nécessaires à la santé psychologique. Les repas préparés, que l'on consomme de plus en plus et sur le pouce, sont souvent riches en graisses ou en sucres, pouvant entraîner des carences en certains nutriments, tels que les vitamines et les acides aminés.
L'un de ces acides aminés, le tryptophane, est le précurseur de la sérotonine, hormone impliquée dans le sommeil et le bien-être.
Il est recommandé de consommer des aliments riches en tryptophane, en oméga 3, en magnésium et en vitamines qui entrent dans la production de la sérotonine : Vit B.
Tryptophane: œufs, laitages, viandes – dont dinde – poisson, soja, tomate, aubergine, avocat, pain de blé complet, banane, datte, noix, prune.
Oméga 3: poissons gras (tels que le saumon, le thon, l’anchois, la sardine, le hareng, et le maquereau.) et l'huile de poisson, le jaune d’œuf, certaines sources végétales : le lin, les noix et certaines algues.
Vit B1 (Thiamine): la levure de bière, le germe de blé, les viandes, volailles, œufs, poissons, les fruits et légumes, les produits laitiers, les céréales complètes.
Magnésium: chocolat (poudre de cacao), céréales complètes, oléagineux (noix, noisettes, amandes), eaux minérales riches en magnésium, bananes.
La méditation et le yoga :
En groupe ou seule chez soi, le yoga et la méditation permettent de reprendre contact avec soi-même. Regarder à l’intérieur de nous ne fait pas partie de nos habitudes, pourtant c’est un moyen très utile pour explorer notre réaction (même inconsciente) aux contraintes de l’environnement.
Certes, on ne pas changer le temps, la météo, mais des solutions sont à portée de main pour s'adapter, physiquement, psychologiquement et physiologiquement aux passages des saisons. Prendre le taureau par les cornes c'est adopter un style de vie adéquat pour affronter la pénurie d'ensoleillement. Une bonne alimentation bien choisie et équilibrée, une activité physique régulière et adéquate, une pincée de bonne humeur, une bonne recette pour surmonter la dépression de l'hiver.